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Anecdote #18

Le consentement (Seconde partie)

***Attention, cette anecdote contient du contenu sensible et sexuellement implicite. Certaines personnes pourraient être choquées. Pour un public averti.***

Exemple 2 :

[Mise en contexte ; Je me trouvais dans une soirée évènementielle, où il y avait mes amis mais aussi des gens que je connaissais peu ou pas du tout. La soirée ne se déroulait pas comme je l’aurais souhaité, un peu ennuyeuse à mes yeux.

Un garçon que je connaissais vient me voir et m’offre d’aller chez lui pour écouter un film. J’accepte son offre et on se dirige chez lui.]

Une fois sur place, il m’offre de faire un Daïquiri aux fraises.

Moi : Ok, mais je le prendrais sans alcool, stp. Je n’ai pas envie d’alcool, mais je veux bien goûter quand même.

Lui : T’es certaine? Ok… un Daïquiri sans alcool.

Quelques minutes plus tard, il revient avec 2 gros Daïquiri dans de grosses coupes à cocktails. Les coupes étaient stylées et de format XL. Ça m’a fait rire.

Moi : Une chance que j’ai dit que je voulais seulement goûter !!

Lui : Bah, si tu ne le bois pas au complet, ce n’est pas grave!

Moi : Ok.

Le Daïquiri était bon. Il faisait quand même chaud, alors c’était rafraîchissant. Je l’ai bu rapidement… 15 minutes plus tard, il était terminé.

Quel film jouait? Quel film avait-on décidé d’écouter? Je n’en ai aucun souvenir.

Environ 30 minutes après avoir terminé mon Daïquiri, je ne me sentais pas bien.

Moi : humm… Je pense que je vais être malade…

Lui : Ok… Viens… je vais t’aider… je vais t’emmener aux toilettes.

Moi : Ok…merci…

À peine rendu à la salle de bain, j’ai régurgité tout le contenu de mon estomac… Même mon repas d’avant la soirée en est sorti. J’avais des sueurs, la tête qui tournait, la force me quittait… Une fois vidée de tout ce que pouvait avoir contenu mon estomac, j’ai senti mes bras me lâcher, ma tête partir vers l’arrière…

Lui : Allez… viens… je vais t’aider à marcher… tu as besoin de repos…

Il m’a soulevé et m’a aidé à marcher jusqu’à sa chambre. Il m’a déposé sur son lit.

Lui : Là… voilà… tu es bien?

Moi : Non… je … ne …me … sens… pas… bien… Je… n’arr…ive… pas… à… bou…ger…

Lui : T’inquiète… ça va passer. Je vais te faire un massage, ça va aider…

Moi : Non…

Lui : Oui, tu vas voir.

Moi : Non… je… veux… pas…

Il m’a retiré mes vêtements sans que je puisse le repousser.

Mes jambes, mes bras, mes mains, mes orteils, ma tête… tout mon corps était mou et ne répondait plus à mes commandes. Ma tête disait « allez, lèves-toi, frappe-le, repousse-le, habilles-toi, vas-t-en! » mais je n’y arrivais pas. Ma bouche devint pâteuse. J’avais de la difficulté à respirer. Les mots ne sortaient plus de ma bouche, je n’avais plus la force.

C’est à ce moment que je l’ai vue se déshabiller.

Lui : T’inquiète, je vais me protéger. Je vais mettre un condom.

(QUOI ? Un condom ?! On passe de massage à relation sexuelle? Je ne veux pas! Tu ne me plais même pas! Je croyais qu’on était amis ?! Pourquoi je n’arrive pas à bouger ou à parler?)

Moi : N…on…

Lui : Tu vas aimer ça. Je vais commencer doucement. Ça va aller…

J’ai pleuré. Je voulais crier. Je voulais le repousser, le frapper. Je n’arrivais pas à me défendre, je n’arrivais pas à dire non.

Je n’entendais plus ma voix.

Je le voyais.

Je le sentais sur moi.

Je le sentais en moi.

J’étais prisonnière de mon corps, enfermée dans ma tête. Téléspectatrice de mon propre viol. Je n’avais le contrôle sur rien.

J’ai réalisé, à un certain moment… j’ai demandé un Daïquiri sans alcool… mais l’alcool ne fait pas ça… il m’a drogué!

J’ai continué de pleurer. En silence. Je ne pouvais même pas essuyer les larmes qui coulaient sur mes joues. Mes bras étaient plus lourds que jamais... Remuer mes doigts était impossible...

Autant je voulais fermer les yeux pour ne pas avoir à voir ça, autant je voulais garder les yeux ouverts pour qu’il sache que je savais, que j’allais garder ça en mémoire.

Après 2 heures, je perdis conscience.

Au matin, je me suis réveillée en position fœtale. Je réalisai que j’étais toujours dans son lit. J’ai senti sa présence.

Lui : Salut, ma belle. Bien dormis? Finalement, tu as aimé ça hier? On pourrait remettre ça un jour. Ou tu pourrais devenir mon amante? Ça t’intéresse?

(Non mais, c’est une blague? Bon… penses vite! Joues l’innocente! Fais-en sorte de sortir d’ici au plus vite! Protège-toi! Vas-t-en!)

Moi : Hum… je ne sais pas… c’est pas trop mon truc. Est-ce que tu peux me ramener au métro le plus proche, stp?

 

Il me ramena en voiture à une station de métro près de chez lui. Il en profita pour réitérer son invitation à ce que je devienne son amante. Je grimaçais de l’intérieur. Je tremblais de partout, et j’essayais de ne pas le montrer. J’avais peur.

 

Le jour même, j’étais épuisée, j’ai passé la journée dans mon lit. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, jusqu’à devenir stoïque et ne plus rien ressentir outre que le vide. Je suis allé à l’hôpital le lendemain. Arrivée au triage, l’infirmière me demanda le motif de ma visite à l’urgence, et d’un ton sans émotions et sans vie, j’ai répondu « J’ai été violée, il y a deux jours. » Elle alla chercher le « kit de viol », une grosse enveloppe brune remplie de paperasse à compléter et d’outils nécessaires pour faire des prélèvements. Je ne me souviens plus d’avoir complété quoique ce soit. Je me souviens d’avoir répondu à des questions, mais c’est flou. Je ne me souviens pas d’avoir subi les examens nécessaires pour les prélèvements…

Infirmière : Tu as 14 jours pour décider si tu portes plainte contre ton violeur. Pendant ce temps, on gardera le kit dans ton dossier. Tu peux communiquer avec l’hôpital en tout temps pour nous donner ta décision. Est-ce que tu comprends?

Moi : … oui…

Je n’ai pas porté plainte. Durant les 14 jours suivants, j’étais paralysé dans ma tête. Je voulais seulement cesser d’y penser. Je voulais que les cauchemars s'arrêtent. Je voulais ravoir ma personne… redevenir Moi… la Moi d’avant…

Depuis ce jour, j’ai tout fait pour éviter ce garçon ; j’ai abandonné certaines de mes activités préférées auxquelles il participait, j’ai coupé les ponts avec certaines personnes qu’il connait, j’ai cessé d’aller dans certains bar/café qu’il fréquentait. Mes relations amoureuses qui ont suivi ont été difficiles, je n’arrivais pas à avoir confiance. J’ai fait une dépression des années plus tard. Grâce à l’aide de travailleuses sociales et de psychologues, j’ai réussi à faire la paix avec cet événement. J’ai appris que ce n’était pas de ma faute. J’ai réussi à vivre les émotions liées à cet événement que je refoulais, que je m’empêchais de vivre. J’ai appris à pardonner sans donner d’excuse à mon agresseur, sans oublier ce qu’il m’a fait. J’ai appris à vivre avec la nouvelle moi, à me redécouvrir. J’ai appris à me respecter avant tout. J’ai appris à vivre à nouveau.

Encore aujourd’hui, j’ai des séquelles de cet événement. Oui, j’ai beaucoup cicatrisé. Oui, je me suis guérit. Je ne vais jamais seule chez un garçon, même si je le connais depuis longtemps, je consomme seulement les verres que je me verse moi-même ou dont j’ai gardé un œil en permanence dessus, je ne suis pas à l’aise quand un homme me fait des avances trop flagrantes et persistantes, ...

Un viol, une agression sexuelle et le harcèlement, sont des actes qui marquent l’âme au fer rouge… ça laisse une cicatrice à vie sur l’âme de la victime. Et c’est la victime qui aura le plus besoin d’aide pour se « reforger » une identité… si elle y arrive.

Le respect du consentement est important, car ça fait la différence entre de beaux moments de tendresse et gâcher une vie pour toujours.

Le consentement peut être donné et retiré à TOUT MOMENT.

Non, c’est NON. Tout simplement.

Il n’y a jamais d’obligation. Jamais! Peu importe la relation intime qui vous uni!

Vous avez le droit de changer d'idée. N'importe quand! À n'importe quel moment! C'est votre droit. 

Miss Pech -xx-

© Miss Pech, 1 Décembre 2020

Nota Bene

 

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